La bonne technique pour bloquer un ouvrage


Bloquer pour libérer ! Bloquer un tricot est l’étape ultime et souvent essentielle pour mettre en forme et valoriser votre ouvrage. Si la technique peut paraitre un peu fastidieuse (il faut avouer qu’on a déjà la flemme de faire l’échantillon, alors le blocage…), le résultat en vaut vraiment la peine. La maille est plus détendue, la fibre plus belle, les motifs se révèlent et la forme se tient. Crochet ou tricot, laine ou coton, vêtement ou accessoire : le blocage s’adapte à tous vos projets. Voici quelques conseils et astuces de notre Chouette Team pour vous aider à bien bloquer.


LE BLOCAGE, C’EST QUOI ?

Le blocage est une technique, combinant lavage et séchage à plat, qui permet de donner une forme définitive à votre ouvrage. La laine possède une mémoire de forme : bloquer la laine, c’est lui redonner la mémoire… Car en tricotant, le fil est tordu par les aiguilles et se trouve sous tension, il est resserré. Le fait de tremper la laine aide la fibre à retrouver ses caractéristiques : souplesse, fluidité, élasticité. Ensuite, le séchage à plat et sous maintien donne la forme finale et les dimensions voulues à votre ouvrage. Par exemple, un châle comme la pointe Honoré si vaporeuse, ou la  pointe Peony très structurée, trouvent leur forme parfaite grâce au blocage, une fois pour toutes.

A quoi ça sert ?

Le blocage a plusieurs fonctions : il permet de fixer la forme de l’ouvrage, de lui donner sa taille exacte attendue, mais aussi de changer l’aspect même de la laine. Par exemple, un ouvrage contenant un motif en dentelle ou des torsades se révèlera vraiment après le blocage. Le blocage redresse les mailles ce qui permet d’ajuster la tension du tricot, d’ouvrir les motifs (points ajourés, dentelles, torsades) et d’uniformiser le jacquard à fils tirés. Il peut même effacer certaines imperfections comme les écarts de tension entre les mailles… Le blocage fait une vraie différence dans l’aspect final de votre projet. Par ailleurs, les éléments qui ont été bloqués sont souvent plus faciles à assembler car ils sont déjà à la bonne dimension et bien à plat. C’est un avantage non négligeable pour ajuster la taille d’un pull comme Jean-Benoît ou d’un gilet comme Rémi.

Si on récapitule, le blocage peut révéler la dentelle et les motifs jacquard, égaliser les mailles et ajuster la taille. Il est trop fort !

Quels projets bloquer ?

A priori, tout se bloque, mais dans la pratique, certains projets le nécessitent plus que d’autres. La plupart des tricots y trouveront un bénéfice, notamment pour la mise en forme. Les châles et pointes en demi-cercle ou en triangle ont besoin d’être bloqués pour trouver leur forme et une bonne tenue. La dentelle et les points ajourés doivent impérativement être bloqués. Généralement les vêtements ont besoin d’être bloqués pour être ajustés et pour lisser la fibre, obtenir un beau tombé (pull, gilet, veste…). Pour les petits accessoires, le blocage est moins souvent nécessaire (bonnets, mitaines…).

 

Certaines fibres apprécient particulièrement le blocage : les fibres naturelles comme la laine et l’alpaga, les laines fines qui prennent davantage d’ampleur. Certains fils ne bougeront pas mais révèleront leur plus bel aspect : le coton par exemple, sera plus fluide sans changer de dimension. L’acrylique n’a en revanche pas besoin d’être bloquée.

Quels outils sont nécessaires ?

Pas besoin d’outils particuliers ou très spécifiques : il en faut finalement peu pour bloquer votre ouvrage, mais certains accessoires simples vous faciliteront les choses.

  • De l’eau et du savon : un shampoing doux, ou la lessive à laine que vous utilisez pour laver vos lainages.
  • Un tapis de mousse : il sert à étendre et sécher à plat votre ouvrage ; un tapis de yoga basique ou des plaques de mousse feront parfaitement l’affaire
  • Des épingles : elles servent à fixer l’ouvrage sur le tapis pour lui donner sa forme finale et éviter qu’il se rétracte en séchant ; on trouve également des peignes de blocage.
  • Une bassine ou une baignoire : pour donner un bain à votre ouvrage
  • Des serviettes éponges : elles serviront à absorber l’eau de votre ouvrage après lavage
  • De la patience ! Oui, on n’a qu’une envie après avoir tricoté et assemblé notre projet : le porter. Mais vous verrez que le blocage vous donnera encore plus de satisfaction…

 

Comment ça marche ?

Le blocage se réalise en 4 étapes : lavage, essorage, pressage et séchage.

1. LAVAGE

Le lavage doit être doux et non traumatisant : pas de machine à laver ou d’eau trop chaude ! Le mieux est de laisser tremper votre tricot dans une eau froide ou à température ambiante additionnée d’un peu de savon, au moins 10 ou 15 minutes, pour imprégner la laine. Il faut s’assurer que le tricot est bien mouillé sans le frotter ou l’agiter : c’est le moment détente de votre ouvrage. Vous pouvez en profiter pour préparer la suite.

2. ESSORAGE

Avant tout, pensez à rincer votre ouvrage dans l’eau froide, jusqu’à disparition des traces de savon ou de mousse. Ensuite, pressez-le doucement et avec précaution : ne tordez jamais votre tricot !

3. PRESSAGE

C’est la partie un peu plus sportive : étendez votre tricot encore mouillé sur une ou deux serviettes éponge. Enroulez le tricot avec la serviette pour former un boudin (un nem, un burrito ou une crêpe roulée selon vos préférences) et pressez dessus. Pour cette étape, la plus fun, vous pouvez au choix : marcher sur le boudin, appuyer avec vos bras et vos coudes, demander la participation d’un enfant ou d’un ami… L’idée est d’écraser joyeusement le tricot, mais avec bienveillance, afin d’extraire l’eau au maximum.

4. SÉCHAGE

Votre ouvrage est déjà presque sec. Il s’agit maintenant de lui donner la forme et les dimensions souhaitées grâce au séchage à plat. Etendez votre tricot sur le tapis de mousse et donnez-lui sa forme en l’épinglant. Vous pouvez utiliser un mètre pour vérifier les dimensions de votre ouvrage. Maintenant, il suffit d’attendre que le tricot sèche : quelques heures, une nuit, selon la saison et la laine utilisée. Une fois le tricot sec, libérez-le de ses épingles et admirez : la laine est douce et fluide, la maille régulière !

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A NOTER

La laine dégorge !

Les laines teintes à la main peuvent perdre un peu de leur couleur lors du lavage. Afin de fixer la teinture, vous pouvez utiliser de l’eau froide additionnée d’un peu de vinaigre blanc.

 

Les choses à ne pas faire

Repasser à la vapeur : la vapeur du fer est beaucoup trop chaude pour la laine, la soie et les fils synthétiques qui risquent de fondre ou de brûler. Et la vapeur ne remplace pas un bon blocage…

Bloquer après chaque lavage : c’est inutile, souvenez-vous que la laine a une mémoire de forme ! Mais il est possible de redonner un peu de prestance à un ouvrage qui a été beaucoup porté et lavé avec un nouveau blocage.

Trop étirer l’ouvrage au blocage : on ne peut pas gagner 5 cm avec le blocage, seulement ajuster la taille du tricot et l’uniformiser. A trop étirer la laine, on risque de lui faire perdre son élasticité naturelle et de déformer l’ouvrage, alors gare au surblocage.

LES "TIPS EN PLUS" DE NOS DESIGNEUSES TRICOTS

“J’ai expérimenté depuis quelques temps l’essorage en machine après le bain tranquillou de l’ouvrage dans une bassine ou un lavabo avec une lessive douce sans rinçage. C’est magique, surtout avec un fil qui contient un peu de mohair. Et une fois au bloquage, ça met moins de temps à sécher.” – Emma Ducher

“Pour anticiper le comportement de votre fil au blocage, une bonne solution est de tester sur votre échantillon ! En le lavant, vous verrez s’il se détend : n’hésitez pas à le mesurer avant et après lavage…” – Aurélie Tixier aka Une Poule à petits pas

DÉSORMAIS VOUS SAVEZ TOUT !